Les expositions "Impressions premières" (Lyon) et "Arts du texte" (Leipzig), proposent une incursion dans les premiers temps de l'histoire européenne de l'imprimerie. En montrant des imprimés anciens, notre propos est précisément d'attirer le regard sur les aspects esthétiques et historiques du texte.
Les imprimés présentés sont issus des fonds de la Bibliothèque universitaire de Leipzig (UBL) et de la Bibliothèque municipale de Lyon (BmL), deux hauts lieux de collection de livres anciens à l'échelle européenne. Au fil des siècles, chacun s'est forgé des caractéristiques qui lui sont propres. Pris conjointement, ils témoignent dans une complémentarité forte de nombreux phénomènes permettant d'éclairer la thématique de la mise en page à l'ère de l'imprimerie.
Les expositions "Impressions premières" (Lyon) et "Arts du texte" (Leipzig), proposent une incursion dans les premiers temps de l'histoire européenne de l'imprimerie. En montrant des imprimés anciens, notre propos est précisément d'attirer le regard sur les aspects esthétiques et historiques du texte.
Les imprimés présentés sont issus des fonds de la Bibliothèque universitaire de Leipzig (UBL) et de la Bibliothèque municipale de Lyon (BmL), deux hauts lieux de collection de livres anciens à l'échelle européenne. Au fil des siècles, chacun s'est forgé des caractéristiques qui lui sont propres. Pris conjointement, ils témoignent dans une complémentarité forte de nombreux phénomènes permettant d'éclairer la thématique de la mise en page à l'ère de l'imprimerie.
La perspective de l'ère numérique
Les écrans autorisent différentes formes d'agencement : ils permettent d'associer les textes entre eux (ainsi qu'à des images) et de les déplacer ou de les prolonger vers la gauche ou la droite, vers le haut ou le bas. D'un point de vue esthétique, ce type de disposition rappelle les rouleaux. Le geste ancien de "tourner la page" cède la place, dans le domaine des textes numériques, à des commandes permettant aussi bien de poursuivre la lecture en continu que d'aller directement à un autre endroit du texte . Et ce processus se poursuit ; de nouveaux appareils forgeront de nouvelles habitudes de lecture, de nouveaux logiciels ouvriront des possibilités de présentation encore insoupçonnées.
Les textes disponibles sous forme numérique se caractérisent également par des liens hypertextes ou renvois permettant de faire apparaître de nouveaux textes ou images sur la même surface (d'écran), comme dans une fenêtre. Les textes apparaissent alors disposés à la file ou empilés. L'écran permet non seulement de glisser d'un passage de texte à d'autres, mais aussi d'un livre à un autre. Le numérique abolit ainsi la mise en forme, à petite comme à grande échelle, à laquelle l'univers des livres imprimés nous avait habitués.
Mais s'il est difficile de remplacer la page imprimée, ce n'est pas seulement parce que des pratiques de lecture d'ordre économique et culturel, liées au contrôle de la légitimité et à la politique de vérité, lui assurent un appui ; c'est aussi parce qu'elle régit les rapports à la littérature (au sens large) et que, dans le monde entier, elle joue le rôle de modèle de création de sens et de signification.
Le verbe "lire" traduit lui-même à merveille l'importance considérable que revêt la mise en forme et l'apport que nous pouvons tirer de sa connaissance précise. Puisque l'on peut pratiquement tout " lire ", il serait bon de bien comprendre ce qui est devenu le type même de cette activité, à savoir la lecture de texte. Ce projet d'exposition suppose que la mise en forme ne s'est jamais faite sans prendre en compte la lecture et, en tout état de cause, qu'elle avait un impact sur cette dernière. On voit aujourd'hui combien il était difficile de composer les textes dans des formats lisibles.
La période 1450–1535
La page imprimée comme convention n'est nullement apparue d'un seul coup. Les règles de mise en page se sont au contraire constituées et imposées lentement, avec les caractères mobiles, au cours des 70 premières années de l'imprimerie. Aujourd'hui encore, quand on observe les premiers imprimés, on voit une mise en forme tâtonnante ; bien des choses se trouvaient encore au stade de l'expérimentation. Les imprimeurs devaient, encore et encore, mettre à l'épreuve la lisibilité des textes, leur intérêt économique étant d'assurer à leurs productions le débouché le plus large possible. Le fait même que les numéros de page imprimés n'existent que depuis le XVIe siècle indique que la maquette de la page imprimée demeura longtemps incertaine. La notion de "page" dotée d'une identité plastique propre mit très longtemps à s'ancrer - ce qui explique peut-être pourquoi sa disparition est si lente aujourd'hui.
Ce que l'on peut appeler "l'invention de la page imprimée" regroupe tout un ensemble de procédures revisitées pour créer, purement et simplement, une lisibilité. La Bible traduite par Martin Luther permet de discerner combien l'élaboration d'une mise en page fut laborieuse. Cette version allemande de la Bible, dans l'édition de 1522, se distingue nettement de la Bible latine produite environ 70 ans plus tôt par Johannes Gutenberg. Il y a entre Gutenberg et Luther toute une époque dont on peut rétrospectivement affirmer qu'elle a durement œuvré à la mise en forme de la page imprimée.
La perspective de l'ère numérique
Les écrans autorisent différentes formes d'agencement : ils permettent d'associer les textes entre eux (ainsi qu'à des images) et de les déplacer ou de les prolonger vers la gauche ou la droite, vers le haut ou le bas. D'un point de vue esthétique, ce type de disposition rappelle les rouleaux. Le geste ancien de "tourner la page" cède la place, dans le domaine des textes numériques, à des commandes permettant aussi bien de poursuivre la lecture en continu que d'aller directement à un autre endroit du texte . Et ce processus se poursuit ; de nouveaux appareils forgeront de nouvelles habitudes de lecture, de nouveaux logiciels ouvriront des possibilités de présentation encore insoupçonnées.
Les textes disponibles sous forme numérique se caractérisent également par des liens hypertextes ou renvois permettant de faire apparaître de nouveaux textes ou images sur la même surface (d'écran), comme dans une fenêtre. Les textes apparaissent alors disposés à la file ou empilés. L'écran permet non seulement de glisser d'un passage de texte à d'autres, mais aussi d'un livre à un autre. Le numérique abolit ainsi la mise en forme, à petite comme à grande échelle, à laquelle l'univers des livres imprimés nous avait habitués.
Mais s'il est difficile de remplacer la page imprimée, ce n'est pas seulement parce que des pratiques de lecture d'ordre économique et culturel, liées au contrôle de la légitimité et à la politique de vérité, lui assurent un appui ; c'est aussi parce qu'elle régit les rapports à la littérature (au sens large) et que, dans le monde entier, elle joue le rôle de modèle de création de sens et de signification.
Le verbe "lire" traduit lui-même à merveille l'importance considérable que revêt la mise en forme et l'apport que nous pouvons tirer de sa connaissance précise. Puisque l'on peut pratiquement tout " lire ", il serait bon de bien comprendre ce qui est devenu le type même de cette activité, à savoir la lecture de texte. Ce projet d'exposition suppose que la mise en forme ne s'est jamais faite sans prendre en compte la lecture et, en tout état de cause, qu'elle avait un impact sur cette dernière. On voit aujourd'hui combien il était difficile de composer les textes dans des formats lisibles.
La période 1450-1535
La page imprimée comme convention n'est nullement apparue d'un seul coup. Les règles de mise en page se sont au contraire constituées et imposées lentement, avec les caractères mobiles, au cours des 70 premières années de l'imprimerie. Aujourd'hui encore, quand on observe les premiers imprimés, on voit une mise en forme tâtonnante ; bien des choses se trouvaient encore au stade de l'expérimentation. Les imprimeurs devaient, encore et encore, mettre à l'épreuve la lisibilité des textes, leur intérêt économique étant d'assurer à leurs productions le débouché le plus large possible. Le fait même que les numéros de page imprimés n'existent que depuis le XVIe siècle indique que la maquette de la page imprimée demeura longtemps incertaine. La notion de "page" dotée d'une identité plastique propre mit très longtemps à s'ancrer - ce qui explique peut-être pourquoi sa disparition est si lente aujourd'hui.
Ce que l'on peut appeler "l'invention de la page imprimée" regroupe tout un ensemble de procédures revisitées pour créer, purement et simplement, une lisibilité. La Bible traduite par Martin Luther permet de discerner combien l'élaboration d'une mise en page fut laborieuse. Cette version allemande de la Bible, dans l'édition de 1522, se distingue nettement de la Bible latine produite environ 70 ans plus tôt par Johannes Gutenberg. Il y a entre Gutenberg et Luther toute une époque dont on peut rétrospectivement affirmer qu'elle a durement œuvré à la mise en forme de la page imprimée.